Une grande part de mon travail s’élabore dans un dialogue avec le lieu et le spectateur. Le travail in situ est souvent le point de départ de ces recherches. Le lieu d’implantation de La borne m’étant inconnu, j’ai conçu une installation à partir de l’espace intérieur en tenant compte des possibilités de dialogue avec l’environnement. Ainsi, j’ai concentré mon attention sur les surfaces des deux baies qui permettent deux points de vue (int./ext.).
« Voir, c’est toujours une opération du sujet donc une opération refendue, inquiétée, agitée, ouverte. »
Georges Didi Huberman
Il s’agit a priori d’une aberration visuelle proche de celle des cabinets de curiosité : un nœud qui donne à voir un autre point de vue grâce à l’usage d’un phénomène optique simple : la loi de la réflexion (qui veut que des miroirs posés à 45° dans des angles à 90° transmettent une même image mais inversée). Sur chaque baie, un plan simplifié du quartier accueillant La borne précise notre situation sur la carte, rappelant le traditionnel vous êtes ici. Mais proposant aussi d’autre point de vue : ou là ? et là ?...
Ce nœud de réflexions est une invitation à l’écart du regard. Le « regard » est entendu ici, comme coude, angle de réflexion entre deux polarités, qui pose une temporalité et une spatialité de notre présence aux choses, au monde : un ici et un ailleurs.