Le pays où le ciel est toujours bleu a le plaisir de vous inviter le jeudi 14 mars 2019 à partir de 18h30 au vernissage de l’exposition Sortie en surface.
+ Brunch de finissage le dimanche 14 avril à 15 h
Sortie en surface, expression empruntée à l’univers des vaisseaux sous-marins ou spatiaux, suggère l’exploration visuelle ou la confrontation à de nouvelles dimensions. Cette exposition présente trois artistes qui traitent directement ou indirectement de la notion de débordement et de la notion d’écart : deux peintres, Julien Baete et Dominique Liquois ; un dessinateur Olivier Michel. De quoi s’agit-il ?
Il y a plusieurs années, Olivier Michel trace sur un Post-it une ligne au stylo Bic s’enroulant sur elle-même, dessinant ainsi un motif singulier que l’on pourrait facilement associer au carton d’un napperon en dentelle. Les Post-it sont par la suite collés bord à bord, étendant le geste à l’infini dans la limite et la frontalité d’une surface, d’un support à recouvrir. C’est avec ce travail, à ce moment précis, que nous nous sommes rencontrés pour la première fois.
Aujourd’hui, il déplace son idée avec un ruban de PVC souple qu’il déroule et tasse dans un contenant, soit une boîte, soit la géométrie d’un cadre en acier aux multiples côtés. Ce dernier, parfois, ne se referme pas, laissant le PVC s’évader, tout comme Étranglement où le matériau pincé entre deux planches de bois s’échappe de part et d’autre.
Une autre pièce présente deux rubans, l’un en PVC, l’autre en feuillard bleu, tenus par la pression d’un simple serre-joints, il y en a plusieurs, des dizaines accrochés au mur comme une envolée.
Dominique Liquois s’inscrit dans la tradition du tableau : la toile tendue sur un châssis. Cependant le support boursouflant çà et là, forme des reliefs et des saillies qui proposent à la peinture géométrique et colorée de les suivre. La peinture s’adonne à un
mouvement spatial qui instaure une discussion entre les deux composants. Le volume est de face et au-delà du tableau.
Des œuvres plus récentes témoignent de la quasi-disparition du châssis entoilé comme objet et surface au profit des seuls reliefs peints. Le support en tissu rembourré joue le plein et le vide, ramenant le mur aux creux et aux pourtours des formes.
Dominique Liquois peint des réseaux géométriques et des couleurs vivifiantes qui se déploient à la surface de la toile avec peu d’épaisseur. Parfois des repeints interviennent, donnant un corps au dialogue avec les modèles convoqués. Ils creusent.
Nos deux artistes proposent de remplir et d’animer une surface frontale puis d’en assumer le glissement. Olivier Michel n’expose-t-il pas une longue boîte saturée de PVC souple qui se mue en une table posée sur des tréteaux ?
Leurs écritures sont graphiques, et le lien entre construction et expression est assuré. Il y a de l’élégance et de l’humour dans les rapports qu’ils énoncent.
Entre ces deux propos, j’ai choisi de placer une dissonance.
Avec Huile sur clous, Julien Baete explique qu’au commencement il y avait un simple pari fait avec un artiste, un jeu et un gag : « peindre sans toucher le support ». La peinture à l’huile sortie du tube est grasse. Elle s’accroche à des clous fixés à une planche rectangulaire. L’épaisseur importante est consacrée dans la formation de reliefs-sédiments. Ces petits tableaux prennent du temps, car patiemment la peinture sèche.
Autrement, le relief se construit avec de la fourrure synthétique tendue sur un support en bois et rehaussée d’un « grumeau » recouvert par le chrome d’une bombe aérosol. Cette peinture masque et salit le poil qu’elle encolle jusqu’à faire tache.
Punaisés à même le mur, deux papiers cadeaux rouge métallique parsemés de confettis verts, blancs et argentés sont peints en grisaille : un réseau de lignes et de pastilles au pinceau qui rejoue et décale le support dans les méandres d’une profondeur fictive.
Julien Baete, Dominique Liquois, Olivier Michel sont entremêlés dans l’espace de la galerie. Le blanc des murs lie et assure un mouvement tournant, donne un rythme au caractère organique de l’ensemble. Il y a de grandes pièces et de plus petites. Elles tracent une histoire de la présence qui, face à soi, s’évertue à fuir et à prendre d’autres perspectives.
Laurent Mazuy